my.dreams

All the world's a stage, here is my part !

Mercredi 3 décembre 2008 à 14:16

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Le troisième acte vient de se terminer, le rideau tombe et la salle s'éteint, dans l'attente d'une nouvelle représentation. Pour l'instant le théâtre ferme ses portes, encore encombré des souvenirs, des éclats de rire ou des pleurs de la représentation précedente, ce trop plein d'émotions dont la salle doit se libérer peu à peu.

 

Tout cela pour dire que parfois il faut accepter que le rideau tombe, que certains acteurs de nos vies se retirent dans les coulisses, quand bien même nous les aimons et souhaiterions prolonger la pièce à l'infini. Nos vies sont jalonnées de rencontres et de pertes, ce mouvement incessant d'entrées et de sorties de scène, car il n'est qu'un seul rôle à attribuer à chacun. Acquiescer au départ, assumer sa souffrance et faire son deuil.

 

Je repense ainsi à Chimène, dans Le Cid, s'adressant à Rodrigue en ces termes :


« Va-t'en, ne montre plus à ma douleur extrême
Ce qu'il faut que je perde, encore que je l'aime. »

La perte est comme une mort à l'échelle de la conscience humaine, un terrible déchirement nous faisant entrevoir le manque, le Vide, nous mettant face à notre propre incomplétude, notre dépendance vis à vis de ce qui n'est plus. Tandis que notre avenir s'effondre comme un château de carte, notre présent se fissure et implose face au passé qui l'envahit, le paralyse, nous condamnant au ressassement et à la léthargie. Sans doute est-ce une étape obligée afin de remettre en ordre le puzzle de nos vies, agencer les pièces différemment et composer un tableau inédit.

En effet, de même que le cycle de dégénérescence puis de mort est ce qui permet à la vie d'éclore, c'est sur les ruines de notre passé que peut se construire notre futur. Reste à trouver le courage de soulever les pierres.

« L'oubli est un puissant instrument d'adaptation à la réalité parce qu'il détruit peu à peu en nous le passé survivant qui est en constante contradiction avec elle. »  
(Marcel Proust,
A la recherche du temps perdu)

 

Samedi 22 novembre 2008 à 22:48

Romeo et Juliette, Acte I scène 5

Voici mon passage préféré de Roméo et Juliette, scène de la première rencontre entre les deux personnages. En effet, Loïc et moi sommes tous les deux des inconditionnels de Shakespeare, lui , en optimiste, préférant Roméo et Juliette, et moi et mon pessimisme penchant plutôt pour Hamlet.
Je trouve cette scène poignante par sa candeur: elle donne du baume au coeur à tous ceux qui espèrent un jour connaître l'amour partagé. En plus, c'est une parfaite illustration des "moments parfaits" dont je parlais dans mon article précédent ;-)


 
Pour ceux qui veulent suivre en même temps :


ROMEO

    [To JULIET] If I profane with my unworthiest hand
    This holy shrine, the gentle sin is this:
    My lips, two blushing pilgrims, ready stand
    To smooth that rough touch with a tender kiss.

JULIET

    Good pilgrim, you do wrong your hand too much,
    Which mannerly devotion shows in this;
    For saints have hands that pilgrims' hands do touch,
    And palm to palm is holy palmers' kiss.

ROMEO

    Have not saints lips, and holy palmers too?

JULIET

    Ay, pilgrim, lips that they must use in prayer.

ROMEO

    O, then, dear saint, let lips do what hands do;
    They pray, grant thou, lest faith turn to despair.

JULIET

    Saints do not move, though grant for prayers' sake.

ROMEO

    Then move not, while my prayer's effect I take.
    Thus from my lips, by yours, my sin is purged.

JULIET

    Then have my lips the sin that they have took.

ROMEO

    Sin from thy lips? O trespass sweetly urged!
    Give me my sin again.

JULIET

    You kiss by the book.

Mercredi 12 novembre 2008 à 2:02

http://my.dreams.cowblog.fr/images/IntotheBlindingLightbyExntrik.jpg

N’avez vous jamais vécu ces instants fragiles où plus rien ne semble exister que l’ici et maintenant, où les doutes s’évaporent, où la conscience elle-même s’embrume dans une grisante langueur? Le passé et le futur se contractent dans un lointain au-delà, faisant plonger les frontières du temps dans les flots de l’illusion, et ne laissant au fond de nos yeux que l’immense étendue de l’instant présent. L’ivresse tend un voile devant nos yeux, nous rendant aveugles aux considérations matérielles, mais combien plus clairvoyants quant à la beauté du hasard !  C’est à ce hasard, à ce moment accidentel et si grisant que nous nous rendons pieds et poings liés, avec tout le plaisir de se savoir esclaves du sort et d'y acquiescer avec passion. Comme pris dans une furieuse spirale, nous nous laissons porter par un vertige de certitude, une foi en la nécessité de cet instant qui devait advenir.

 

C’est ce qu’on appelle un moment parfait.

 

Il est imprévisible, incontrôlable, c’est pourquoi il est inutile de le désirer, de le préparer. Un jour, cet instant se met subitement en travers notre chemin, et libres à nous de le saisir ou de le fuir en empruntant une autre voie…. Mais ceux qui font le second choix ne se privent-ils pas d’un des rares instants de Beauté que la vie leur propose ?
Saisissez ces moments parfaits, et laissez alors vos scrupules se pétrifier dans les glaces d'une Beauté fugitive !
 

Le moment parfait, qui transcende l'instant présent, est un joyau pour la mémoire, où son éclat demeure immuablement gravé. Il est tout aussi vain de rechercher cet instant que de vouloir le prolonger ou le reproduire, car cela ne nous mène qu’à de piètres imitations, toujours insuffisantes, toujours décevantes, au regard de l’absolue perfection de l’Instant premier. Il faut le préserver dans un recoin de notre mémoire afin d’ensoleiller nos soirées pluvieuses ou nous réconforter lors de nos accès de pessimisme… Mais ne jamais chercher à le revivre, car notre existence est trop courte pour l’assombrir de regrets et de mélancolie.


Lundi 3 novembre 2008 à 21:24

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 L'ivresse que procurent le vin et l'opium, paradis artificiels, est sans doute éphémère et moins intense, mais finalement, n'est-elle pas préférable à la désillusion et aux "gouffres amers" dans lesquels nous plongent des yeux qui se détournent de nous ?

Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D’un luxe miraculeux,
Et fait surgir plus d’un portique fabuleux
Dans l’or de sa vapeur rouge,
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.

L’opium agrandit ce qui nà pas de bornes,
Allonge l’illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l’âme au delà de sa capacité.

Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers...
Mes songes viennent en foule

Pour se désaltérer à ces gouffres amers.

Tout cela ne vaut pas le terrible prodige
De ta salive qui mord,
Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remord,
Et, charriant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la mort
!


Lundi 20 octobre 2008 à 22:28



« L'amour aveugle », ou l'illusion de la passion éternelle et inconditionnelle...


Parmi la multitude de clichés romantiques qui courent encore à propos de l'amour, il en est un qui a la vie dure , à savoir l'illusion de l'amour inconditionnel, ou encore ce que l'on appelle « l'amour aveugle ». L'amour ainsi défini serait en effet un sentiment immuable, d'une force suprême, résistant aux obstacles les plus ardus, cela même quand l'être aimé manque de bienveillance envers nous.

Combien de fois a t-on entendu invoquer l'amour comme excuse parfaite et indiscutable? : « Il ne me respecte pas ...oui mais je l'aime » ! Ou encore : « Cette femme est odieuse envers moi … si je ne l'aimais pas je serais parti depuis longtemps!

Certes, l'amour nous fait accepter beaucoup d'attitudes, de paroles blessantes, qui de la part d'amis ou de simples connaissances nous auraient fait sortir de nos gonds. Mais il me semble que, si au départ l'illusion amoureuse dans laquelle nous baignons nous permet de voleter gaiement et légèrement au dessus de tout cela, il est inévitable qu'elle se craquèle au fil du temps, si elle n'est pas entretenue par ce qui au départ a permis sa cristallisation. Le coup de foudre existe, certes, mais, si intense soit il, il ne permet pas d'assurer la pérennité de la relation qui en découle !

Je veux par là mettre en garde tous ceux qui, assurés de l'amour qu'on leur porte, se bercent de l'illusion qu'ils peuvent se permettre d'être désagréable sans risquer de perdre l'autre. Le sentiment qu'ils ont inspiré , bien qu'authentique et intense à sa naissance, décroit nécessairement s'il est confronté à un mur d'indifférence. En effet, s'il est capable pour un temps de vivre en autarcie, en se repaissant de ses chimères, , arrive le moment où, ayant épuisé toutes ses ressources, il s'arrache à sa sphère idyllique afin que lui soit rendu un peu de cet amour. Il réclame alors un écho à son affection, un peu de réciprocité à sa passion... Et s'il ne trouve rien, qu'arrive t-il ? Il agonise et il meurt.

 

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