my.dreams

All the world's a stage, here is my part !

Samedi 20 décembre 2008 à 0:50

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"Il n'y a pas d'amour heureux",  un poème d'Aragon (r)éveillant en nous une "déchirure". Celle d'un bonheur impossible à retenir pour toujours, celle de l'insignifiance et l'absurdité de nos vies, et, bien plus, celle d'un Amour condamné aux "pleurs". Aragon marque ainsi l'Amour du sceau du désespoir, unissant intensité de la passion et puissance de la douleur.

Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce

Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes

Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent

Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare

Il n'y a pas d'amour heureux

Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs

Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous deux

Louis Aragon, La diane Française

 

Jeudi 18 décembre 2008 à 19:07

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A force de vouloir faire de ce blog un endroit impersonnel, un lieu d’écriture anonyme, j’en arrive à ne plus supporter ce que j’écris, à m’exaspérer moi-même. En effet, voulant éviter l’écueil du blog-déballage de vie privée, je masque sous des « on » impersonnels et des « nous » collectifs des réflexions qui me sont inspirées par ma propre expérience. On pourrait appeler ça de la mauvaise foi, si ce stratagème de dissimulation de ma subjectivité  n’était pas totalement inconscient, relevant d’un réflexe de pudeur primaire.

En me relisant, j’ai l’insupportable sentiment de ne plus être qu’un pastiche de moi-même : on prend les mêmes mots et on recommence. Bref, je m’ennuie moi-même !

C’est pourquoi je tente aujourd’hui de lutter contre cette pudeur extrême en publiant un article un peu plus personnel … (remarquez tout de même les 10 lignes de justification avant d’en arriver au fait : on ne se refait pas ;)

 

Plusieurs nuits déjà que le même rêve se reproduit, ou, devrais-je dire, que les acteurs qui y prennent part sont identiques. Un en particulier. Je commence à me demander si Freud n'avait pas raison, quand il affirmait que les désirs et les souffrances refoulés par la conscience se trouvaient transposés sous forme symbolique dans nos rêves.

Durant le jour, ma conscience me laisse plus ou moins au repos, étant trop occupée par le travail et les discussions entre amis. Mais la nuit, la blessure se rouvre, prouvant que le deuil n'est pas terminé. Le désir, refoulé à la clarté du jour, éclate aussitôt que l'obscurité gagne du terrain, me mettant face à moi-même, face à ce Manque qui m'apparaît dans toute sa cruauté. Quel vide, quelle omniprésence de l'Absent, quelle douleur face à cet éloignement volontaire, cette solitude certes consciemment choisie, mais qui ne porte pas encore ses fruits.

Ainsi, l’Absence me hante par son omniprésence, et le Manque, à défaut de troubler mes jours, est maître de mes nuits. Pitié, que vienne enfin l’oubli !

 

 Sur ce, je pense à un poème de Verlaine :

 

Ô triste, triste était mon âme

A cause, à cause d'une femme.

Je ne me suis pas consolé

Bien que mon cœur s'en soit allé,

Bien que mon cœur, bien que mon âme

Eussent fui loin de cette femme.

Je ne me suis pas consolé

Bien que mon cœur s'en soit allé.

Et mon cœur, mon cœur trop sensible

Dit à mon âme : Est-il possible,

Est-il possible, - le fût-il -

Ce fier exil, ce triste exil ?

Mon âme dit à mon cœur: Sais-je

Moi-même que nous veut ce piège

D'être présents bien qu'exilés,

Encore que loin en allés ?



Dimanche 14 décembre 2008 à 1:17

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« Vous n'avez pas à vous sentir coupable d'une chose que vous n'avez pas choisie, et qui en plus vous fait souffrir. Est-ce que quelqu'un qui a la grippe se sent coupable ? » : voilà une phrase entendue récemment, qui me porte à réfléchir sur le sentiment de culpabilité, quand celui-ci ne se fonde sur aucun motif concret.

Comment se débarrasser de cette sangsue qui nous torture moralement, nous oblige à porter le poids du monde sur nos épaules, alors même que les faits dont nous nous accusons sont totalement indépendants de notre volonté ?

Car la culpabilité est vicieuse : par son caractère plus ou moins inconscient, elle se dérobe à la raison, si bien que nous nous aliénons en endossant une responsabilité injustifiée. Parfois même, ce sentiment précède l'action que nous nous apprêtons à accomplir, nous faisant pressentir notre futur échec, notre incapacité à être à la hauteur de la tâche. Il me semble que cette surenchère dans la notion de responsabilité de ses actes, bien plus qu'une conscience aigue de « l'effet papillon », est adossée à la peur fondamentale de décevoir autrui, et prend donc ses sources dans un défaut d'estime de soi. D'où une remise en question perpétuelle de notre propre comportement, face à des situations qui nous paraissent alors toujours inconfortables : pourquoi telle personne que nous aimons est-elle si affligée, si ce n'est parce que nous ne parvenons pas à la rendre heureuse ?  La déception qu'exprime un proche à notre égard peut-elle être injustifiée, nous qui sommes toujours en deçà des exigences que notre propre volonté se fixe ? Ces pensées parasitent notre rapport à autrui, et perturbent encore plus le regard que nous portons sur nous-mêmes.

En effet, le sentiment de culpabilité nous dote d'un sens aigu du sacrifice, nous poussant à nous punir de notre échec en nous refusant tout plaisir, en nous imposant des contraintes qui nous accablent.

C'est pourquoi je me demande au nom de quoi, au nom de qui , nous nous infligeons une responsabilité – et la punition qui en est le corollaire - que nous ne ferions subir à personne, tant elle est démesurée et totalement illégitime ?? La prise de conscience de cette culpabilité totalement infondée commence certainement par ce questionnement fondamental, auquel la plupart des victimes du syndrome de « Culpabilite aigüe » arrivée à son stade terminal et paroxystique est incapable de répondre !

 

Mercredi 3 décembre 2008 à 14:16

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Le troisième acte vient de se terminer, le rideau tombe et la salle s'éteint, dans l'attente d'une nouvelle représentation. Pour l'instant le théâtre ferme ses portes, encore encombré des souvenirs, des éclats de rire ou des pleurs de la représentation précedente, ce trop plein d'émotions dont la salle doit se libérer peu à peu.

 

Tout cela pour dire que parfois il faut accepter que le rideau tombe, que certains acteurs de nos vies se retirent dans les coulisses, quand bien même nous les aimons et souhaiterions prolonger la pièce à l'infini. Nos vies sont jalonnées de rencontres et de pertes, ce mouvement incessant d'entrées et de sorties de scène, car il n'est qu'un seul rôle à attribuer à chacun. Acquiescer au départ, assumer sa souffrance et faire son deuil.

 

Je repense ainsi à Chimène, dans Le Cid, s'adressant à Rodrigue en ces termes :


« Va-t'en, ne montre plus à ma douleur extrême
Ce qu'il faut que je perde, encore que je l'aime. »

La perte est comme une mort à l'échelle de la conscience humaine, un terrible déchirement nous faisant entrevoir le manque, le Vide, nous mettant face à notre propre incomplétude, notre dépendance vis à vis de ce qui n'est plus. Tandis que notre avenir s'effondre comme un château de carte, notre présent se fissure et implose face au passé qui l'envahit, le paralyse, nous condamnant au ressassement et à la léthargie. Sans doute est-ce une étape obligée afin de remettre en ordre le puzzle de nos vies, agencer les pièces différemment et composer un tableau inédit.

En effet, de même que le cycle de dégénérescence puis de mort est ce qui permet à la vie d'éclore, c'est sur les ruines de notre passé que peut se construire notre futur. Reste à trouver le courage de soulever les pierres.

« L'oubli est un puissant instrument d'adaptation à la réalité parce qu'il détruit peu à peu en nous le passé survivant qui est en constante contradiction avec elle. »  
(Marcel Proust,
A la recherche du temps perdu)

 

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