my.dreams

All the world's a stage, here is my part !

Samedi 20 décembre 2008 à 0:50

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"Il n'y a pas d'amour heureux",  un poème d'Aragon (r)éveillant en nous une "déchirure". Celle d'un bonheur impossible à retenir pour toujours, celle de l'insignifiance et l'absurdité de nos vies, et, bien plus, celle d'un Amour condamné aux "pleurs". Aragon marque ainsi l'Amour du sceau du désespoir, unissant intensité de la passion et puissance de la douleur.

Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce

Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes

Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent

Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare

Il n'y a pas d'amour heureux

Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri
Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs

Il n'y a pas d'amour heureux
Mais c'est notre amour à tous deux

Louis Aragon, La diane Française

 

Lundi 3 novembre 2008 à 21:24

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 L'ivresse que procurent le vin et l'opium, paradis artificiels, est sans doute éphémère et moins intense, mais finalement, n'est-elle pas préférable à la désillusion et aux "gouffres amers" dans lesquels nous plongent des yeux qui se détournent de nous ?

Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D’un luxe miraculeux,
Et fait surgir plus d’un portique fabuleux
Dans l’or de sa vapeur rouge,
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.

L’opium agrandit ce qui nà pas de bornes,
Allonge l’illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l’âme au delà de sa capacité.

Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers...
Mes songes viennent en foule

Pour se désaltérer à ces gouffres amers.

Tout cela ne vaut pas le terrible prodige
De ta salive qui mord,
Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remord,
Et, charriant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la mort
!


Lundi 25 août 2008 à 21:09



Ce deuxième roman d'Alain de Botton, paru en 1994, est littéralement passionnant, époustouflant, captivant…. Rares sont les romans qui me font un « effet-bombe » et me touchent autant ! De fait, l'auteur nous plonge dans la conscience d'Alice, jeune londonienne de 25 ans, qui, au début du roman, nage dans une certaine mélancolie, un dégout de vivre que l'on pourrait rapprocher de la dépression…avant que sa rencontre providentielle avec Eric ne lui fasse prendre un tournant décisif.


Les analyses psychologiques de la jeune femme et de ses proches, précises, pertinentes - et parfois à la limite de l'étude scientifique - nous dévoilent les mécanismes du comportement humain en société et en amour, et nous révèlent les associations d'idées qui nous poussent à choisir telle ou telle attitude face à une situation donnée.  Je me suis souvent retrouvée dans les interrogations d'Alice, sa quête de l'Amour comme élément fondamental, qui par son absence prive son existence de sens et de valeur. L'auteur met également en lumière la variabilité du comportement d'Alice en fonction des personnes en présence, soulignant que notre attitude avec autrui est sous tendue par nos propres anticipations de ses réactions. C'est ainsi que le rôle que nous allons jouer vis-à-vis de quelqu'un, se décide dès la première rencontre, durant laquelle  le Moi que nous lui reflétons, l'image que nous lui offrons, se grave de façon presque indélébile dans sa conscience.


A propos des ravages de l'amour sur nos facultés mentales, il va même jusqu'à affirmer que « L'amour a le pouvoir de transformer des individus ordinairement posés et sensés en paranoïaques obsédés par des pensées calamiteuses et millénaires ».


Ce roman est par conséquent plus un roman SUR l'amour qu'un roman d'amour proprement dit : les différentes phases de la relation amoureuse y sont mises à jour et analysées avec précision et humour, dans une langue qui ne glisse ni dans le prosaïsme ni dans une emphatique littérarité. Bref, Le plaisir de souffrir, bien écrit et captivant, se révèle également très enrichissant, mêlant réflexions philosophiques, psychologiques et littéraires. C'est pourquoi il me semble qu'une seule lecture ne suffit pas à épuiser la profusion des observations pertinentes qui jalonnent ce roman: c'est un livre à lire et à relire, qui m'accompagnera et me donnera sans doute des réponses quand je serai confuse, tout comme L'insoutenable légèreté de l'être est un phare quand je m'égare …

Mercredi 20 août 2008 à 14:38



J'ai trouvé ce livre complètement par hasard, au rayon « littérature en langue française» d'une librairie de Milan. Son titre et son résumé m'ont interpellée, donc je l'ai acheté : je fonctionne beaucoup au coup de cœur, et celui-ci ne m'aura pas déçue ! Quand je repense à l'état d'esprit dans lequel je me trouvais à ce moment là, je me dis que la vie nous réserve parfois de bizarres et d'heureuses coïncidences. Ensuite, libre à nous de savoir tirer profit de la leçon d'existence qui nous est offerte au travers ces pages…


« Se résoudre aux adieux » : l'histoire d'une jeune femme qui entreprend un voyage aux quatre coins du monde afin d'oublier l'homme qu'elle aime, et qui vient de la quitter pour une autre.

Philippe Besson nous fait le récit de la souffrance d'une femme qui fuit son passé, cherche une terre vierge de sentiments et de souvenirs, qui ne lui rappellera pas sans cesse son bonheur enfui. De la Havane à New York, de Venise à Paris, Louise envoie des lettres à son ancien amant, dans le but - soi-disant, et elle-même en est convaincue- de lui faire progressivement ses adieux. Cependant, chaque lieu la confronte un peu plus à sa solitude, l'enferme dans des obsessions dont rien ne la distrait. Nous portons en nous les démons de notre passé, que seul le temps parvient à anéantir. Je trouve particulièrement juste cette affirmation de l'héroïne : « Tu ne m'as rien laissé, que la mémoire. La mémoire, elle, freine les convalescences. » En effet, chaque lettre est un flot de souvenirs que Louise ne peut contenir, et qui nous prouvent que celle-ci, loin d'être guérie, vit encore dans un passé imaginaire. Ces lettres, qui se veulent témoins d'un renoncement , ne sont au contraire que des preuves d'amour supplémentaires, des simulacres d'adieu dont le but inconscient n'est autre que de ne pas laisser partir cet homme, et de maintenir avec lui un lien imaginaire . Car bien qu'elle ne lui demande pas de réponse,  Louise ne peut longtemps contenir la douleur qu'elle éprouve devant le silence de son ancien amant, qu'elle imagine heureux dans les bras d'une autre. Se résoudre aux adieux n'est donc pas une décision aisée, prise un beau matin, ferme et définitive, mais plutôt un long chemin à parcourir, avec ses tentatives avortées et ses rechutes, avant de tirer un trait définitif sur une partie de notre vie. C'est en tout cas la leçon que j'ai tirée de ce livre, dont la fin m'a également laissée perplexe, une question demeurant en suspens : peut-on jamais dire que nous guérissons définitivement de la blessure d'un premier amour déçu ? Cette femme est-elle réellement guérie, ou se contente t-elle  de faux semblants auxquels elle s'efforce de croire ?

 

Du même auteur, j'ai également lu « Le garçon d'Italie », distrayant, mais qui m'a moyennement touchée, et « Un homme accidentel », paru en 2008, qui m'a un peu plus captivée : une histoire d'amour interdite et tragique entre deux hommes.

Lundi 7 avril 2008 à 14:37



Voici un extrait du recueil Les Poètes d'Aragon, dans lequel on trouve quelques perles, comme ces quelques vers. En effet, j'avoue qu' habituellement j'ai un peu de mal avec Aragon, mais ce passage là m'a beaucoup émue ! (Il fait partie du long poème que j'avais choisi de commenter)

Combien cela fait-il de jours que je l'attends

 

Combien d'hiver et de printemps cela fait-il

 

Qui peut compter sur les doigts de l'âme une éternité d'absence

 

Et ce que je n'ai pas eu de lui comme un vent dispersé

 

Je demeure dans ma vie avec devant moi ce bonheur renversé

 

Il me semble parfois pourtant le voir et qu'il me touche

 

Il me semble et je sens quelque chose de pâle sur ma bouche

 

Une ombre dans mon ombre un écho dans ma voix

 

Ne t'en va pas méchant ne t'en va pas fantôme

 

Mon cœur après vingt ans est toujours une porte qui bat

 

Sur ton départ


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