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La fin de l’année universitaire est arrivée, clôturant par la même occasion l’Ere Scolaire dans laquelle j’évoluais depuis une vingtaine d’années…Mon concours en poche, je n’ai dorénavant plus à sillonner les couloirs de la fac, à prendre 12 pauses cafés dans la journée avec les collègues de promo, à en regarder certains faire du bruit à la BU dans le seul but de faire enrager le gourou des lieux (je n’aurai même plus à en rire, Dieu soit loué !), à relever toutes les allusions salaces lors des explications de texte, ou bien à manger une salade à 1,50€ entourée de toute une tablée de Capéssiens délurés … bref, tout ce qui n’était que distractions étudiantes sans intérêt. Improductives et superficielles. Voire même une honte, une insulte à notre bienveillante Education nationale. Maintenant que tout cela est fini et que l’on passe enfin aux choses sérieuses, je suppose que je n’ai plus qu’à dire : Youpi. Avec grande conviction, bien sûr …

A peine deux semaines après les résultats du concours, je sens déjà poindre, entre l’enthousiasme d’un accomplissement et celui d’un nouveau départ, une certaine nostalgie de la vie étudiante que je laisse désormais derrière moi. En effet, une fois la période d’euphorie retombée, l’adrénaline ayant quitté mes veines, après avoir passé des mois (voire même des années) à travailler dans le but bien précis d’ « avoir un bon métier et de réussir dans la vie » (family quote ;), et maintenant que les portes du monde adulte s’ouvrent à moi, je suis, je l’avoue, partagée entre joie et crainte. Non pas une peur du changement, que j’ai toujours considéré comme un défi et une source d’enrichissement, mais surtout une crainte de changer, de rentrer dans le moule que l’on m’aura fabriqué sur mesure. Prof tu seras, un modèle tu seras : tes vêtements tu surveilleras (cachez moi cette jupe et ces vêtements trop colorés que je ne saurais voir), ton langage tu châtieras (haro sur les expressions trop familières indignes d’un représentant de … keuf keuf … la Culture  … bouarf rezhub * étranglement*), et enfin de rire tu t’abstiendras (sous peine de voir descendre en flèche ton capital autorité et crédibilité). En bref, je redoute de me conformer peu à peu et inconsciemment à cette image lisse et austère que l’on attend que j’endosse dès le 1er septembre, et de ne pouvoir, même après avoir quitté la classe, ôter ma tenue de scène et redevenir tout simplement moi-même. J’ai peur de la lente lobotomie qui guette ceux qui, pris malgré eux dans un système, se conforment lentement à ses principes, jusqu’à ne plus penser que par et pour lui, sans aucune hauteur de vue, et ne sachant plus s’ouvrir aux deux vertus si colorés de la vie, que sont  l’Imagination et le Hasard. Deux principes qui donnent à notre existence toute sa saveur, et qu’il serait dommage de ne plus goûter. J’ai peur que ne s’insinuent en moi, peu à peu, tous les poisons qui nous menacent quotidiennement et auxquels je tente de résister : l’antipathie, l’aigreur et l’abattement. A ce propos, j’ai souvent remarqué que le fait de sourire était souvent perçu non comme une marque d’amabilité ou de bienveillance, mais comme un signe de faiblesse, comble de dérision, à une époque où les relations sociales auraient bien besoin d’une once d’affabilité ! Pourquoi tant de grévistes du sourire dans nos rues ? Pourquoi ces visages fermés qui nous agressent ?

Mais revenons au sujet qui me tient à cœur : nous travaillons, depuis notre tendre enfance, dans le but de réaliser ce que notre éducation parentale nous a présenté comme LE but ultime de toute une vie : le Travail ! (dommage que la fonction « auréole bleutée » ne soit pas encore disponible dans le traitement de texte …).Certes. Mais une fois les études terminées et le but presque atteint, en lieu et place de la plénitude et du bonheur annoncés, se retrouve, une nouvelle fois, dans tout son insaisissable éclat : le manque. Cette sensation de vacuité,  nous permettant de réaliser que notre vie ne se fige pas quand un but se réalise, cache en réalité le foyer de notre énergie vitale : un infini besoin de désirer*. Ne serions-nous donc jamais satisfaits de nos réussites, aurions-nous toujours besoin d’un aiguillon afin de donner un nouveau souffle et un sens plus vaste à notre vie ? Sans doute est-ce là ce qui fait le fardeau et la fortune des plus idéalistes d’entre nous !

*NB :réflexion et exemplification a posteriori : Scrat serait-il heureux ad vitam eternam s’il arrivait à attraper sa noisette, ou bien se mettrait-il en quête d’une pomme de pin ? ;)