Et si la chance pouvait nous sourire à nous aussi! Une bouffée d'optimisme et de poésie à l'état pur ! 

 

 La fille sur le pont est un film qui m'a beaucoup touché, certainement parce que je suis dans une période très pessimiste et qu'il a apporté un peu de lumière à ma vision du monde quelque peu (et c'est un euphémisme) désenchantée, à l'exemple de celle d'Adèle au début du film. La réplique qui suit en est d'ailleurs une parfaite illustration  :


« Peut-être que j'ai jamais mérité mieux ? Ca doit être écrit quelque part, j'sais pas où. Y en a qui sont fait pour vivre en rigolant, moi j'ai jamais passé un seul jour de ma vie sans me faire avoir. » (Adèle)


Adèle (Vanessa Paradis), sans cesse en quête de plaisir sans jamais arriver à être heureuse, considère sa vie comme une longue suite d'échecs (sur ce point, la première scène du film, un monologue de 8 minutes tourné en une seule prise par Vanessa Paradis, est exemplaire : voir la vidéo ci-dessous pour la fin du monologue: cela vaut vraiment le détour !). A bout de force, elle est sur le point de se jeter du haut d'un pont quand Gabor (Daniel Auteuil) fait irruption pour l'en empêcher. L'espoir renaît alors de cette rencontre providentielle. Lanceur de couteau, Gabor a besoin d'une cible qui ne craigne ni le danger ni la mort, et propose à Adèle de devenir son assistante. De fil en aiguille, les protagonistes se lient d'un sentiment quelque peu ambigu, Gabor jouant tour à tour le rôle d'ange gardien et d'amant virtuel. Finalement, Adèle se rend compte que l'homme que le destin a mis sur son chemin ne pourra plus quitter sa vie, leurs deux êtres conjugués formant un halo protecteur qui la préserve de la malchance.


Par conséquent, Patrice Leconte nous livre avec La fille sur le pont une fable pleine de tendresse, d'optimisme et de poésie, ce que renforce le choix du noir et blanc. De fait, nous entrons dans un univers étrange et atemporel, et sommes d'autant plus disposés nous y immerger que les acteurs sont excellents. En effet, le monologue de Vanessa Paradis au début du film, poignant, déconcertant, vient nous prouver son talent d'actrice, tandis que la scène du lancer de couteau dans la grange, hautement suggestive et sensuelle, permet à Patrice Leconte de laisser s'exprimer tout son génie de réalisateur.


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