« Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer »
(Rimbaud, Le bateau ivre)
Pourquoi continuer à rire quand les pleurs nous submergent ? à respirer quand l'ennui nous étouffe ? à avancer quand notre passé est un champ de ruine ? et surtout à nous battre alors qu'il serait si doux de cesser le combat ?
Quand nos jours nous semblent moroses, de pâles images en sépia, sans mouvement ni joie, même l'espoir, ce vague sentiment qui parfois rejaillit et nous fait avancer malgré les obstacles, ne parvient pas à nous tirer la tête hors de l'eau. Oui, nous nous sentons plonger vers les profondeurs, mais nous ne cherchons plus à éviter la chute ; tout au contraire, on éprouve une certaine volupté à se laisser aller ….
A toutes ces questions délicates , je répondrais : traînons ce boulet à nos chevilles, tentons de vivre dans le souvenir de nos joies passées, avec l'espoir de connaître de nouveaux moments d'épiphanie, rares îlots de bonheur rapidement engloutis par ce raz de marée nommé mélancolie . Ces îlots sont nos bouffées d'oxygène, nos raisons de supporter l'insignifiance de la vie : les naufragés que nous sommes doivent s'y ressourcer, sous peine de perdre toute force vitale et de laisser l'ennui les submerger…
Tout cela pour en venir à une autre interrogation (eh oui encore), que j'adresse à tous ceux qui auront lu cet article jusqu'au bout sans avoir une subite envie d'aller faire un tour ailleurs ^^ : l'espoir de connaître de rares moments de joie fait-il le poids face à l'ennui ressenti au jour le jour ? Les « petits bonheurs » quotidiens suffisent-ils à le masquer ?
Pour ma part, je ne trouve pas qu'ils soient assez forts en intensité pour briser la mélancolie… mais si certains ont la recette pour mieux la supporter, je suis preneuse ^^